Qu’est ce qui explique l’envolée des prix du Cacao camerounais ?

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En début d’année 2024, le prix de vente du cacao  au Cameroun a atteint, dans certaines villes du pays, environ 4 800 Fcfa le kilogramme. C’est un niveau de prix record qui a placé le pays (comme à son accoutumé) au sommet puisque c’est un niveau de prix jamais atteint dans le monde entier. Rappelons que cette position de leadership sur les prix s’obtient alors même que le Cameroun n’est que cinquième pays producteur mondial (troisième en Afrique) derrière l’Équateur, l’Indonésie, le Ghana et la Côte d’ivoire.

En guise de comparaison avec la Côte d’ivoire premier producteur mondial, le prix de vente du kilogramme de fèves se négocie dans le pays actuellement à 1000 Fcfa.

Cet écart considérable s’explique uniquement par les systèmes internes de fixation des prix et de commercialisation des fèves. On distingue Globalement deux systèmes:

  • Les systèmes réglementés
  • Les systèmes libéralisés
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1. Côte d’Ivoire et Ghana

Le Conseil du Café-Cacao (CCC) est l’organe régulateur de la commercialisation et la tarification du cacao en Côte d’Ivoire. Il fixe les prix du cacao à chaque campagne, délivre des licences et gère le développement de la filière dans le pays.
C’est un système de commercialisation réglementé qui est également en vigueur au Ghana (second pays producteur mondiale avec plus de 1 100 tonnes de fèves produites en 2022).

Ici, le rôle de régulation incombe à la Cocoa Marketing Company (CMC) – une filiale du Ghana Cocoa Board (COCOBOD), organisme gouvernemental qui détient le monopole d’acheter les fèves aux producteurs locaux via les sociétés agrées, et ensuite les vendre et les exporter aux acheteurs internationaux. Tout ceci à des prix fixés d’avance. C’est ce qui explique que les prix restent fixes et parfaitement contrôlés par les organes de l’État qui joue ainsi un rôle tampon de coussin d’amortissement des variations.

2. Cameroun et Nigéria

En revenche, au Cameroun et au Nigéria, respectivement troisième et quatrième pays producteur en Afrique, les marchés de la commercialisation interne et externe des fèves de cacao sont totalement libéralisés et contrôlés par le secteur privé. Dans ce cas, la seule raison d’être de l’organisme parapublique de régulation est de veiller au respect des réglementations internes. Dans ce cas de figure, il n’existe pas de mécanisme de contrôle et de stabilisation. Les prix évoluent proportionnellement au marché international.

En 2023 justement, les conditions climatiques en Côte d’Ivoire et au Ghana ayant été moins porteuses par rapport aux années précédentes, le marché international anticipait, par conséquent, une baisse substantielle de la production mondiale. Le marché étant efficient, une baisse de la production (offre) entraine automatiquement une hausse des prix (demande). D’où la flambée des prix dans les systèmes libéralisés et notamment le meilleur d’entre eux, le Cameroun.

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